Une semaine difficile
on Michelle Brosseau Nestor (Burkina Faso), 01/Aug/2011 10:11, 34 days ago
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Je vais vous raconter ma semaine d’horreur ou plutôt de peur et la pratique (non maitrisée) du lâcher prise.Samedi soir on se paie la traite avec des crevettes et calmars, bien assaisonnés d’ail, avec alocos et salade. Mais la digestion se fait difficilement et je me dis que c’est parce qu’il y avait trop d’ail. Quelques heures plus tard, mais durant la nuit, je passe à la salle d’eau pour évacuer mon souper et ça soulage le ballonnement du ventre mais ce qui a suivin’était pas du tout agréable. J’ai commencé à avoir un mal de tête comme jamais connu auparavant, un mal bien positionné en arrière des yeux – et ce pendant 24 heures avec une fièvre de 102°F – il fait chaud dans ma chambre, j’ai mal aux articulations (même aux dents) et je ne trouve aucune position confortable afin de m’endormir. Fatim me met sur un traitement anti-palu, car tout diagnostique commence par le palu. Je me nourrie de ibuprofènes et acétaminofènes pour casser la fièvre. La nuit de dimanche à lundi il pleut des clous et le vacarme sur le toit de tôle et mon mal de tête est insupportable.Lundi matin, 5h30 a.m, une senteur nauséabonde envahie la maison – un refoulement d’égouts. Je me lève pour aviser les autres de se réveiller pour faire face à la musique et moi je me retourne dans mon lit super inconfortable avec mon mal de tête, une fièvre de 100,5F et le nez plein de senteurs. Les filles s’activent poursauver tout ce qui est à terre mais non encore touché par l’eau d’égouts. Une fois que la pluie s’arrête les eaux diminuent pour éventuellement disparaitre et tout le monde (sauf moi et Aminata, 22 mois bébé gâtée) se met à nettoyer la maison – donc là ce sont les arômes mélangées de caca, savon Omo, javel, encens qui envahissent la maison et moi je suis en train de faire du babysitting de Aminata, qui est complètement hypnotisée par un CD pour enfant sur les aventures de Dora. Mais un enfant de 2 ans ça bouge tout le temps et que l’adulte à côté d’elle soit un peu malade elle s’en fou. Vers 11h00 la batterie de l’ordinateur est épuisée et Dora n’apparait plus sur l’écran – je panique car je sais qu’est-ce qui s’en vient et effectivement Aminata te pousse une de ses crises de colère à n’en plus finir et moi je n’ai pas la force de ladistraire de quoi que ce soit – au secours.Mardi matin– ça fait un peu plus de 2 jours que je n’ai pas mangé alors je m’aventure dans la pomme de terre pilée, pas de lait et un soupçon de beurre. Ça passe et ça me donne un peu de force. Je me rends à la clinique de l’ambassade de France pour me faire faire la goutte épaisse (test malaria) et une consultation avec le médecin. Le médecin me pose 2-3 questions, ne me touche même pas pour prendre ma température, ma pression, me tâtonner le ventre etc… RIEN. Sauf il me dit que si c’est le palu et bien ce serait surprenant que le test revienne positif car j’ai déjà prise 2traitements (sur 3) de l’anti-palu – et effectivement le test revient négatif. Donc je retourne à la maison et Fatim me prépare une soupe au poulet et nouilles. Je mange que le bouillon et une petite pomme de terre mais ça ne passe pas du tout. J’ai régurgité tout ce qui pouvait resterdans mon estomac et la couleur et la constitution était exactement comme le refoulement d’égouts. – oh que je n’étais pas bien dans ma peau. Je me couche – il pleut – il pleut fort – merde.Mercredi matin on se réveille avec le même scénario que Lundi matin – je capote et là je me sens vraiment faible. On fini de nettoyer la maison, encore le cocktail caca, savon Omo, eau de javel et encens pendant des heures. On fait venir un médecin pour encore une consultation, il me prescrit des médicaments et des tests de laboratoire. Je me rends au labo, on fait quelques tests mais pas tous – il faut que je me rende au centre-ville pour les autres, soit 2 heures dans le taxi à cause des embouteillages pour se rendre et encore du temps pour revenir à la maison – impossible je suis trop faible. Je convaincs Fatim que la maison est rendu insalubre, que les bactéries sont dans les murs et partout – donc elle part pour trouver une autre maison à louer. Elle revient avec la bonne nouvelle qu’elle a trouvée et que le déménagement se ferait dès le lendemain. OK je suis capable d’endurer encore une journée mais je commence à me sentir de plus en plus faible et de plus en plus bizarre – même ma voix commence à changer. Mais là elle me dit que la nouvelle maison a 3 chambres à coucher (OK) et 2 salles de bain (PAS OK) – moi dans mon état je vais partager une salle de bain avec 3 autres adultes – je dis 3 car Mariam attend sa belle-mère qui va rester avec nous – alors on sera 4 adultes à se partager une salle de bain – NON.Jeudi– toujours je ne sens pas bien et ma voix devient de plus en plus rauque et étrange – je me dis que cela doit être le stress mais pas trop convaincu. Mais pour respirer un air différent je demande que l’on me trouve une chambre d’hôtel pour que je puisse me remettre un peu – et que jeveux rentrer au Canada OPC. Le directeur pays me dépose à l’hôtel vers 18h00, dans la plus belle chambre #109 (selon le directeur) et il me dit qu’il viendra me voir le lendemain vers 9h00.Deux cafards plus tard je me décide d’appeler ma sœur au secours, car 2 consultations de médecins et médicaments pour me rétablir ne fonctionnent pas et je ne sais plus quoi faire car même le directeur pays ne semble pas trop proactif dans mon cas. Merci Suzel de tout mon cœur d’avoir pesé sur le bouton de panique auprès du CECI Montréal car je ne sais pas ou je serais aujourd’hui. Le directeur pays, obligé par Montréal, revient me chercher à l’hôtel vers 23h00 pour se rendre à l’hôpital i.e. Clinique Ambroise Paré. Ça nous prend environ 1hr se rendre (au lieu de 15 min.) car il y a 5 barrages de vérification entre l’hôtel et l’hôpital depuis l’histoire avec le président. Enfin rendu à l’hôpital le médecin nous averti qu’il n’y a pas de chambre de disponible, que je devrai me coucher sur un petit lit de consultation avec une autre malade dans la pièce ou nous sommes ouil y a deux lits et déjà 3 occupants. Non, non, non, « enough is enough ». En fin de compte il m’installe dans une chambre de consultation toute seule ou ils me mettent sur intraveineuse pour me réhydrater car j’étais déshydratée – et me faire une série de tests sanguins et autres.Vendredi– les résultats des tests sanguins sont revenus et tout est dans les normes, pour les autres tests on aura les résultats mardi. Ma voix est revenu au normal, j’ai repris des forces, le médecin me prescrit un autre cocktail de médicaments, on me sert un petit déjeuner de pain et thé et on me libère à 8h00 a.m. J’appelle Dian pour venir me chercher et me reconduire chez Lucie, ma première demeure, car Lucie m’avait appelé quand j’étais à l’hôtel pour m’offrir de rester avec elle jusqu’à mon départ – full circle… La générosité de Lucie rend mes derniers jours sur le territoire guinéen vivable. Dian m’averti qu’il a d’autres urgences du matin et qu’il passera me prendre dès qu’il pourra – soit 3 heures plus tard.Je n’ai pas de nouvelles de Dian depuis – mais je sais par contre que je reviens au Canada. Je pars de Cona-cris mardi le 2 août pour être à Montréal le 3 août – j’ai tellement hâte de respirer de l’air frais et de manger quelque chose qui ne me donnera pas des nausées.Une semaine difficile mais enfin fini.