Qu'est-ce queêtre heureux?
on Michelle Brosseau Nestor (Burkina Faso), 07/Apr/2010 00:11, 34 days ago
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Dimanche de Pâques nous nous sommes promenés à Banfora et les alentours. Les Dômes de Fabédougou, les cascades de Karfiguéla et le lac d’hippopotames à Tingréla, une journée bien remplie ou nous avons pu observer des Burkinabè dans leurs quotidiens. Les enfants qui se baignaient,d’autres qui guettaient leurs troupeaux, les femmes qui revenaient du marché avec leurs paniers sur la tête après une journée au marché du dimanche, et d’autres qui faisaient leurs besognes de la journée dans un calme serein – et on ose faire la réflexion qu’est-ce que d’être heureux ?On pose la question au caissier de l’hôtel – un homme d’environ 50 ans – musulman avec 2 femmes dont 1 décédée et avec 6 enfants (de 15 mois à 22 ans).La question se pose ainsi : les Burkinabè sont en général tellement aimables, accueillants avec de beaux sourires et je me demande est-ce que vous êtes heureux, car vous semblez heureux ? (On se dit dans notre fort intérieur qu’il y a mieux - mais pour ceux qui ne connaissent pas mieux est-ce que notre perception est la bonne ?)La réponse de ce cher monsieur est grosso modo la suivante : « ah oui ! Vous interprétez cela comme un signe d’être heureux ? Mais nous n’avons pas le choix. Nous avons de la peine à se nourrir – on n’a rien et on n’arrête pas de nous imposer. On a de la TVA sur tout, la Sonabel (compagnie étatique d’électricité) nous charge une redevance comme si nous avions tous la TV, le carburant est taxé déjà à 125F CFA le litre pour l’utilisation de notre transport (motos et véhicules) et on nous demande encore une taxe supplémentaire, et on nous charge encore d’autres taxes qu’on ne comprend pas trop – car si on comprenait ça nous révolterait. On n’a pas d’argent pour nous nourrir ou nourrir notre famille. La maladie est courante – la palu, la méningite, le VIH et quoi,quoi,quoi – et on n’a pas d’argent pour les médicaments pour se soigner – et dansnos vieux jours on n’a pas d’argent – NON nous ne sommes pas heureux – mais c’est comme ça.Avec une réponse comme ça – quoi faire ? On reste bouche bé. Et ce n’est rien de nouveau car on entend toujours le même discours – mais ça crève toujours le cœur.Par contre nous les Nassaras, en quittant l’hôtel, on se rend à la banque pour renflouer nos poches et on va au resto prendre un bon repas- on discute le ventre plein à savoir quoi faire et comment se comporter vis-à-vis tout ça. Les opinions diffèrent pour enfin conclure qu’il n’y a pas de bonne réponse – on fait ce que l’on peut et comme on le peut – nous sommes limités car c’est trop gros comme problématique. – Et c’est frustrant. Même si l’on donnait notre fortune ça changerait tellement peu et ce ne serait pas durable. C’est complexe, c’est tellement pas évident – on se sent coupable quand onne donne pas et on se sent coupable quand on donne – ils sont tellement dans le besoin qu’on veut donner mais si on donne trop on leur enlève le savoir-faire de s’en sortir – encore c’est complexe et pas évident et c’est frustrant. À tous les jours je jongle entre les deux – est-ceque j’aide ou est-ce que je nui ??Une autre réalité- en tant que volontaire on a certains préjugés – on aimerait bien que tout le monde soit ici de bonne volonté – mais selon moi –ce n’est pas toujours le cas. Certains sont ici pour aider, d’autres pour exploiter, d’autres pour améliorer leur train de vie ou pour voyager et faire l’expériences de cultures différentes et exotiques, et certains pour profiter de ceux qui exploitent pour se payer de bons salaires et un certain abus de pouvoir envers ceux qui sont excessivement pauvres.Je vous avoue que je suis souvent révoltée du manque de dignité que l’on offre à ce peuple- à des gens qui sont de bonnes volontés que l’on abuse et je me demande qu’est –ce que je peux faire pour eux ?VSO a un partenaireà Bobo-Dioulasso qui s’appelle REVS+ - une organisation qui fait du dépistage de VIH, qui offre du soutien à ceux qui sont diagnostiqués sirop+, qui offre des soins curatifs – c’est l’organisme le plus vieux au BF et qui réussit le mieux en VIH/SIDA - et REVS+ vient de ce faire couper une subvention importante de l’ONU à cause de mauvaise gouvernance de la part du Gouvernement qui en a empoché un peu trop (la corruption est tellement néfaste). À cause de cette coupure de fonds, REVS+ doit arrêter de prendre de nouveaux patients et cela veut dire en terme réel des vies quine seront pas sauvées. C’est écœurant.Pour ceux qui lisent mon blogue régulièrement vous vous souviendrez que j’ai écrit d’une femme qui a été diagnostiqué du VIH/SIDA et qui était très malade – qui avait besoin de médicaments non disponibles au Burkina – et bien elle(Salimata) est morte la semaine dernière à l’âge de 30 ans – 2 mois à peine après son diagnostique.Ève et Simon, tous les deux infirmiers volontaires VSO à REVS+, et qui viennent d’enterrer Salimata, sont dans le feu de l’action et ils veulent faire une levée de fonds pour au moins payer 2 infirmières qui ont été coupées par le manque de fonds. 2 infirmières sur 3 ne sont plus au service pour donner des soins. Le coût de ses 2 infirmières est de $10,000/an – qui ne peuvent plus sauver des vies – des vies en détresses.Je vous demande doncà tous et chacun de faire un effort en vertu de cet appel de levée de fonds – Ève travaille avec CUSO-VSO pour que les dons soient reconnus comme déductibles d’impôts au Canada et je vous en donne des nouvelles très prochainement. Si vous êtes intéressés laissez-le-moi savoir.Voilà – chaque jour a une certaine intensité ici. On s’amuse parfois et on pleure souvent.Je suis certaine que je vous solliciterez plus d’une fois durant mon séjour ici – ce sera à vous de juger si c’est pour la cause qui vous intéresse.