Je pense, donc je suis un toubabou.
on Gabriel Robichaud (Burkina Faso), 21/Aug/2010 11:56, 34 days ago
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Ce matin, je n'avais plus de café pour mon petit rituel quotidien. Alors, j'ai attendu que la pluie cesse un peu (il pleut constamment en août), j'ai mis mon manteau (parce qu'il fait froid), et je suis parti à pied vers la petite boutique non-loin de chez... un genre de petit dépanneur qui vent toutes sortes de choses trop chères et de l'essence... comme une station Petro-Canada ou bien Shell (d'ailleurs, ça existe des stations Shell ici.)Il y a tout le tour ma maison, une bonne vingtaine d'enfants qui, j'imagine, doivent tous loger dans les maisons du quartier. Je ne sais pas qui sont leur parents, mais je commenceà les connaitre tous de par leurs prénoms. Mais, ce qui m'a frappé ce matin, c'est qu'ils ne crient plus Toubabou! Toubabou! quand je passe dans la rue, ils crient Gabriel! Gabriel!Je trouveça incroyable qu'après (presque) huit mois de vie ici, ces enfants sont toujours aussi heureux de me tendre la main quand je passe dans la rue. Ce qui est encore plus remarquable, c'est que ça me fait toujours aussi plaisir de le faire. Même que, maintenant, on se connait un peu mieux, alors onpeut jaser un peu et je suis devenu vraiment trop attaché à mes petits voisins.Toutça m'amène à réfléchir sur la vie que l'on mène au Canada... du moins, que moi je menais à Montréal. J'ai vécu deux ans dans le quartier Griffintown sans jamais dire bonjour à mes voisins. Pourtant, on se voyait, mais c'était comme si on n'existait pas ou comme si on ne se voyait pas. Entout, à Montréal, j'ai eu 11 appartements au fils des années. La seule fois ou j'ai vraiment connu mes voisins, c'était mon premier appartement sur la rue Edouard-Montpetit à Côte-des-neiges, et ce, c'était parce qu'on avait un propriétaire ridicule et qui fallait se tenir pour faire bougerles choses.Hier soir, je parlais avec Nathalie, et on discutait justement de la différence dans la mentalité des gens. Comment ici, je ne me sens jamais mal pris. Je ne me soucis vraiment de rien, parce que je sais, que même si je me retrouve dans un coin de la ville que je ne connais, sans moyen de transport, il y aura toujours un étranger prêt à me donner des directions ouencore, me prendre sur sa moto pour venir me déposer où je veux. Et même si on lui offre de l'arger pour payer son essence, il va refuser, c'est un plaisir pour lui de m'aider. Vous imaginer voir un inconnu marcher sur la rue, et vous arrêter pour lui offrir, non seulement un lift, mais d'allerle déposer où il veut, même si c'est un détour de 30 minutes? Peut-être que dans les petits villages ruraux du Canada on le ferait, mais Bobo-Dioulasso, c'est une ville d'un demi million d'habitants. Et je suis pas mal certain que même à Ouagadougou, où il y a 1,5 millions d'habitants, c'estle même scénario.Ici dans la rue, les gens se disent bonjour. Ils se parlent, ils parlent de tout et de rien.À Montréal, si quelqu'un me disait bonjour pendant que j'attendais l'autobus, ou que je me promenais dans la rue, ça me rendait mal à l'aise. Une amie à moi m'avait mis au défi de dire bonjour au gens qui attendaient l'autobus lors de mes déplacements. Et en effet, ça rendait les gens souvent, très mal à l'aise.Pendant deux ans, quand je travaillais au West-Island avant d'acheter ma voiture, je prenais l'autobus 217 tout les matins a 8h15à la gare de train de banlieue de Beaconsfield. De mon arrêt d'autobus, je voyais, tous les matins, mes collègues de travail passer devant moi dans leurs voiturues. Des gens qui étaient sur mon équipe de travail, que je côtoyais tous les jours. Même quand il faisait -25, ils passaient, en faisant semblant de ne pas me voir grelotter au froid, parce que l'autobus était en retard depuis 20 minutes.Une seule personne, parmis la douzaine de collègues que je voyais défiler devant mois arrêtait pour m'offrir un lift jusqu'au travail, un immigrant de l'Amérique du sud.